Après le plus rock et organique "With Teeth" (2005), Trent Reznor revient aux machines. Si d'une certaine façon on peut rapprocher "Year Zero" de "Pretty Hate Machine" (1989), les machines n'ont jamais été aussi bruitistes ("Vessel" ou la fin de "The Great Destroyer"). Elles servent ici un concept album de science-fiction, dans lequel un monde hyper-technologique sombre peu à peu dans le totalitarisme. Les machines deviennent alors l'écho de la servitude forcée des Hommes et de leur déshumanisation progressive. En effet plus on avance dans l'écoute de cet album et plus les machines prennent le pas sur les instruments acoustiques. Ainsi la batterie de Josh Freeze, qu'on entend sur "Hyperpower!" et "The Beginning Of The End" est vite remplacé par des beatss elecro dès "Survivalism". Les guitares sont noyées par des les effets ("My Violent Heart" ou "Meet Your Master") voire totalement absentes ("Vessel", "Capital G", "The Greater Good"). Cela crée un contraste saisissant avec la voix naturelle et tout en retenu de Reznor. Mais au fil de l'album, elle sera elle aussi altérée puisqu'au début elle est un élément mélodique à part entière ("The Beggining Of The End", "Survivalism", "The Good Soldier"), puis à mi chemin entre le parlé et le chanté sur "Me, I'm Not" et "Capital G", puis filtrée sur "The Warning", et "God Given", ensuite surplombé par la rythmique dans "The Greater Good" et enfin totalement absente sur "Another Version Of The Truth". La grande force de ce disque c'est qu'il parvient à générer des images dans l'esprit de l'auditeur et que la musique seule rend son concept compréhensible sans qu'on ait besoin de comprendre les paroles (qui se trouvent dans le livret de l'album). Cette sensation n'est pas étrangère à l'incorporation de nouvelles sonorités dans l'univers de Nine Inch Nails: trip-hop sur "The Good Soldier", hip-hop dans le phrasé de "Me, I'm Not" et "Capital G," ou techno sur "The Great Destroyer". L'album forme un tout cohérent, qui s'étend au-delà de la musique puisque Reznor à fait une énorme campagne de marketing pour la sortie de ce disque, par lequel il voulait probablement illustrer l'immense pouvoir des médias, et qu'il dissémina même des clés USB avec des morceaux de l'album et des inédits dans plusieurs endroits (dont les les toilettes) des salles de concerts où il se rendait. Il est donc difficile de sortir un morceau du concept de ce disque pour en faire un tube. Pour autant "Year Zero" n'est pas toujours un disque facile à appréhender et certains titres sont arides, âpres, voir hermétiques et nécessitent plusieurs écoutes, qui vous permettrons également de découvrir toute la subtilité des arrangements des compositions. Comme pour beaucoup de ses albums, "Year Zero" a fait l'objet d'un disque entier de remix intitulé "Y34R Z3R0 R3M1X3D", dont je vous parlerais peut-être une autre fois...
Tracklist:
01-Hyperpower!
02-The Beginning Of The End
03-Survivalism
04-The Good Soldier
05-Vessel
06-Me, I'm Not
07-Capital G
08-My Violent Heart
09-The Warning
10-God Given
11-Meet Your Master
12-The Greater Good
13-The Great Destroyer
14-Another Version Of The Truth
15-In This Twilight
16-Zero-Sum