jeudi 4 juin 2015

B.B King - Live At The Regal (1965)


Le 14 Mai dernier Riley "Blues Boy" King nous quittait à l'âge de 89 ans. Avec plus de 50 ans de carrière, celui qui à contribué à populariser le Blues et qui, par son style vestimentaire, voulait montrer que les noirs étaient des gens ayant une dignité et qui méritaient d'être fréquentés, laisse derrière lui une discographie pléthorique aux chefs-d'oeuvres souvent oubliés tel ce "Live At The Regal" de 1965. 
Enregistré le 21 Novembre 1964 au Regal Theatre de Chicago, ce disque capture tout ce qui faisait l'unicité du Blues de B.B King: une voix claire, chaleureuse et puissante qui pouvait aussi se faire grave et rocailleuse, un jeu de guitare dont les notes sont égrainées une à une et fréquemment ponctuées par de légés bends et un vibrato rapide, une basse ronde et très présente, une batterie au son très doux et proche du jazz et enfin des cuivres et un piano jouant essentiellement en accord et qui placent le Blues du Roi aux frontières du Jazz, le tout dans une ambiance bouillonnante. Écoutez cette version presque Rock'n'Roll d"Every Day I Have The Blues", les clameurs du public qui ponctuent presque chaque phrase de "Sweet Little Angel", les échanges entre  le guitariste et son public sur "Worry, Worry" ou encore ces dialogues entre les chansons qui composent le medley "Sweet Little Angel" / "It's My Own Fault" / "How Blue Can You Get?",  et qui sont tellement bien intégrés à l'ensemble qu'on dirait qu'ils font partis intégrante des chanson elles-même. Enfin "Woke Up This Mornin'" et "Help The Poor" restent dans nos mémoires grâce à leurs percussions évoquant la musique cubaine tandis que la dernière chanson du concert nous rappelle aussi que B.B à commencé sa carrière en tant que chanteur de gospel. La prise de son et l'ambiance qui règne entre le bluesman et son public nous donne l'impression d'être sur scène et peut rappeler le "Live At The Apollo" de James Brown. Ce "Live At The Regal", tout comme l'album sus-cité de James Btown, fait parti de la Bibliothèque du Congrès Américain.         


Tracklist:

01-Every Day I Have The Blues
02-Sweet Little Angel
03-It's My Own Fault
04-How Blue Can You Get?
05-Please Love Me
06-You Upset Me Baby
07-Worry, Worry
08-Woke Up This Mornin'
09-You Done Lost Your Good Thing Now
10-Help The Poor 




dimanche 29 mars 2015

Mayhem - De Mysteriis Dom Sathanas (1994)


Premier véritable album de Mayhem après l'EP "Deathcrush" (1987) et le "Live In Leipzig" (1993), "De Mysteriis Dom Sathanas" (1994) est pour beaucoup LE disque de Black Metal. Cet opus est donc un classique mais aussi un disque unique en son genre. 
Les riffs mélodiques, sombres, froids et répétitifs d'Euronymous tissent une trame envoûtante qui plonge l'auditeur  dans un état second proche de la transe, tandis que les discrètes lignes de basses de Varg Vikernes renforcent leur aspect lugubre en leur donnant une assise dans les graves. Le jeu de batterie rapide, technique et toujours en mouvement d'Hellhammer, entraîne l'auditeur dans un puissant maelström où il ne trouvera presque rien auquel se raccrocher. Seuls la décomposition des rythmes sur les cymbales et ces roulements de toms si caractéristiques viennent momentanément briser cette tempête, tandis que les quelques secondes de silence séparant les chansons lui permettent tout juste de reprendre son souffle. Ajouter à de nombreux changements de rythmes et de tempis, ces roulements de toms si particuliers qui rendent le jeu d'Hellhammer reconnaissable entre mille, donnent à ce disque une atmosphère étrange. Cette atmosphère est rendue encore plus pesante et mystique par la réverb dans laquelle baigne l'ensemble. Tout cela forme un écrin parfait pour le chant si atypique d'Attila qui rappelle les grognements d'une bête blessée et enragée ("Funeral Fog", "Freezing Moon") ou celle d'un prêtre possédé lorsqu'elle monte dans les aiguës ("Life Eternal", "De Mysteriis Dom Sathanas"). Les textes sont écrits comme des petits poèmes plutôt que comme de véritables chansons et ne contiennent pas vraiment de refrains. Ils sont assez éloignés du satanisme bas du front et retranscrivent plutôt de sombres visions oniriques. Le title track possède même quelques paroles en latin. 
La magnifique pochette, représentant la cathédrale norvégienne de Trondheim plongée dans la nuit, ainsi que les textes écrits en lettrage gothiques et semblant sortir d'un vieux grimoire magique, confèrent à ce disque une identité visuelle forte. C'est également le seul album de Mayhem avec ce line-up car Euronymous sera assassiné par Varg Vikernes quelques mois seulement avant la sortie du disque...
Album surprenant aussi bien par son contenu que par son contenant "De Mysteriis Dom Sathanas" est pour l'auditeur, une expérience aussi bien musicale et visuelle que physique...    


Tracklist:

01-Funeral Fog
02-Freezing Moon
03-Cursed In Eternity
04-Pagan Fears
05-Life Eternal
06-From The Dark Past
07-Buried By Time And Dust
08-De Mysteriis Dom Sathanas




mercredi 24 décembre 2014

Brigada Flores Magon - S/T (2000)



Je ne sais pas si à la sortie de ce disque il y a presque 15 ans aujourd'hui, les membres de la Brigada Flores Magon se doutait de l'impact qu'allait avoir leur premier album dans le paysage de la Oi! Française. Car c'est bien à une petite révolution musicale, culturelle et politique que nous assistons ici.
Musicale tout d'abord, parce que la Brigada durcit le ton par rapport à ses aînés des années 80. La voix est gutturale et le jeu de batterie est lourd et direct, brut, puissant et sans artifices, et confère au groupe un son aux influences hardcore immédiatement reconnaissable. Mais si la Brigada est un groupe de Oi!, elle n'en oublie pour autant pas les racines du mouvement auquel elle se rattache, car un peu à la façon de Camera Silens, la majorité des titres de cet album comportent des passages rappelant la musique jamaïcaine. Plusieurs chansons sont effectivement construites sur un rythme ska ("Continente Olvidado", "Ligne 2", "Le Futur", "Chicanos") et ce rythme si caractéristique refait parfois surface le temps d'un couplet ("Octobre 61") ou d'un break ("Mauvais Garçons", "Conscrits" ). Mais la créativité musicale ne s'arrête pas là puisqu'on trouve sur ce premier opus deux titres chantés en espagnol ("Continente Olvidado" et "Chicanos") tandis que "RASH" au-delà de sa thématique est remarquable par sa structure et son refrain qui arrive en fin de chanson ainsi que par ces quelques mots en anglais. Un autre morceau est chanté par la bassiste Raymonde, chose encore assez rare de nos jours dans le milieux et qui l'était d'autant plus à l'époque ("Action Directe"),  "Mauvais Garçons" possède une magnifique intro sur un rythme de valse,  et une touche d'humour vient enrichir "Chanal" et en fait donc une chanson un peu singulière, tandis que d'autres chansons surprennent par leur structure assez élaborée  ou par le sujet qu'elles abordent ("Octobre 61", "Continente Olvidado", "Chasseurs", "Banlieue Rouge"). Enfin, une certaine mélancolie, qui rappelle là encore Camera Silens marque même les titres les plus positifs ("Mauvais Garçons", "Héros & Martyr", "Banlieue Rouge"...)
Culturelle ensuite, puisque dans le sillage de ce premier album, les membres du groupe créent aussi le fanzine Barricata et le festival du même nom qui pendant dix ans vont structurer la mouvance RASH (Red and Anarchist SkinHeads) qui fait alors son apparition en France et à laquelle le groupe consacre même un hymne. 
Politique enfin, puisque le groupe, dont le nom est un hommage au révolutionnaire anarchiste Ricardo Flores Magon, est le premier en France à avoir à travers ses textes un discours véritablement internationaliste ("RASH", "Continente Olvidado", "Héros & Martyrs") et anarcho-syndicaliste ("Action Directe", "Banlieue Rouge", "Folle Semence"), le logo de la Confédération Nationale des Travailleurs (CNT) figurant même au verso de la pochette. La Brigada accompagnera donc l'expansion de ce syndicat poussant par ses paroles de nombreux jeunes vers le syndicalisme.     

Tracklist:

01-Octobre 61
02-Continente Olvidado
03-Chasseurs
04-Ligne 2
05-Mauvais Garçons
06-Le Futur
07-Folle Semence
08-Banlieue Rouge
09-Action Directe
10-Chicanos
11-Conscrits
12 Héros & Martyrs
13-RASH
14-Chanal




lundi 21 juillet 2014

Cradle Of Filth - Dusk Of Her Embrace (1996)


Cradle Of Filth avec cet album réussit le tour de force de réunir le Black Metal, musique extrême s'il en est et la grandiloquence des atmosphères gothiques.
Le thème des vampires, cher au coeur du leader Dani Filth, est ici parfaitement illustré en musique. Violence et beauté mélangées. La violence du Black Metal est aérée par de belles envolées gothiques avec synthé en avant et chant féminin (celui de Sarah Jezebel Deva). Quant à l'instrumental au synthé, The Graveyard By Moonlight, c'est carrément la bande son idéale pour un film de vampires. On peut aussi noter une imagerie très réussie et qui colle parfaitement à l'ambiance.
Funeral in Carpathia, A Gothic Romance, Malice Through the Looking Glass (superbe intro gothique) ou Dusk sont, à mon avis, parmi les meilleurs morceaux écrits par le groupe. En fait, je me rends compte que je pourrais citer tous les titres de l'album. L'atmosphère qui se dégage de ce disque est véritablement envoûtante, tout comme pourrait l’être l'emprise d'un vampire. Dani alterne plusieurs types de chants, crié le plus souvent mais aussi parfois proche de grognements Death Metal, ainsi que quelques passages narrés ou carrément chuchotés (Malice Through the Looking Glass). Une manière de rendre cette oeuvre encore plus théâtrale.
En dehors de cet aspect, la musique de Cradle Of Filth se démarque déjà des groupes Black de l'époque (scandinaves pour la plupart) car Cradle puise dans des influences très diverses, allant jusqu'au Heavy Metal. Il n'est pas rare, chez COF, de retrouver des parties de guitares presque maideniennes (Funeral in Carpathia, Dusk). C'est sans doute ce qui gênera les puristes, qui verront dans Cradle Of Filth un groupe de vendus. De plus, cet album dispose d'un son excellent, ce qui pour l’époque et pour le style musical est une grande première. Et Dusk est aussi le premier du genre à être distribué par une grosse maison de disque. Ce qui est évident, c'est que les Anglais, avec cet album, ont démocratisé un genre musical pour le moins "underground".
On aime ou pas COF mais on ne peut contester le rôle considérable qu'ont joué cet album et ce groupe dans l'univers du Black Metal. Cradle a prouvé que le Black Metal pouvait être autre chose qu’une musique hyper agressive dotée d’une production minimaliste. Dusk a montré que le Black pouvait aussi devenir une musique riche et complexe, mélodique et envoûtante sans pour autant perdre son côté agressif et malsain. Après Dusk, plus rien ne sera comme avant.

(Chronique tirée du site "Aux Portes Du Metal") 


Tracklist:

01-Humana Inspired To Nightmare
02-Heaven Torn Asunder
03-Funeral In Carpathia
04-A Gothic Romance (Red Roses For The Devil's Whore)
05-Malice Through The Looking Glass
06-Dusk Of Her Embrace
07-The Graveyard By Moonlight
08-Beauty Slept In Sodom
09-Haunted Shores


Iron Maiden - Seventh Son Of A Seventh Son (1988)



Somewhere In Time était un disque qui avait marqué un virage plus mélodique et surtout plus sophistiqué pour IRON MAIDEN. Le groupe avait avec cet album prouvé qu'il savait se renouveler et s'adapter à l'air du temps, sans pour autant se travestir. Il leur avait permis également de drainer de nouveaux fans sans en perdre réellement. Le gang londonien avait de surcroît démontré lors du Somewhere On Tour qui a suivi qu'il n'avait rien perdu de son mordant. On était loin d'imaginer pourtant ce qui était prévu pour cette année 1988.

Seventh Son Of A Seventh Son est un album remarquable à plusieurs titres en dehors du fait qu'il eu un impact commercial fort conséquent. Ce septième album studio (le hasard fait bien les choses) est considéré par beaucoup comme le meilleur du groupe. C'est du moins son album le plus mélodique et le plus progressif par rapport à tout ce qu'il a pu proposer jusqu'alors. Il pousse ainsi encore plus loin la couleur annoncée par son prédécesseur. Seventh Son Of A Seventh Son est un concept album, un disque abouti, ambitieux, qui narre par le menu l'histoire d'un jeune homme nanti de pouvoirs occultes. C'est du moins le sujet de la deuxième partie du disque. C'est aussi le dernier grand disque historique du groupe, et le dernier (avant la réunion de 1999) du "grand" IRON MAIDEN (Dickinson/Murray/Smith/Harris/McBrain) puisqu'Adrian Smith, instigateur principal de la voie plus mélodique du combo quittera ses compères au début de l’année 1990.

On ressent dès le début cette ambiance feutrée et cette connotation prophétique et mystique qui se dégage de pas mal d’endroits à différents moments de l’album : « Moonchild » annonce la donne avec une introduction aux versets chantés par Bruce, qui tel un ménestrel met de l’emphase dans sa voix accompagné par quelques accords de guitare sèche. Puis, les synthés plutôt à l’honneur sur le disque (mais cependant très bien négociés et jamais envahissants) se mettent en branle avant d’être rejoins par les guitares. Une cavalcade de batterie envoie ensuite la purée. « Moonchild » possède ce caractère épique et grandiose bien que gardant cette énergie propre au style MAIDEN. « Infinite Dreams » poursuit dans les mêmes tonalités mais avec une construction différente et bien connue des fans du groupe : un démarrage en douceur et une évolution progressive vers un passage galopant où la basse de Steve et les guitares de Dave et Adrian sont reines. Un grand titre. On notera la voix remarquable de Bruce qui signe ici comme sur Somewhere In Time ses lignes de chants les plus mélodiques jusqu’alors (on déchantera avec l’album suivant). « Can I Play With Madness » est un des singles de l’album, et sans doute le titre le plus enjoué de l’album, entraînant et taillé pour la scène. « The Evil That Men Do » est sans conteste un morceau de bravoure et le grand classique de l’album, quasiment toujours joué en concert. Il est vrai que sa puissance de feu est redoutable et puis, cette pièce avec ces célèbres « tagadas » à la basse en font un peu le petit frère de « The Trooper ».
Morceau titre du disque « Seventh Son Of A Seventh Son » rejoint les grands morceaux épiques et arrangés du groupe, comme naguère « Rime Of The Ancient Mariner » (sur Powerslave) ou « Alexander The Great » sur l’album précédent. Avec son démarrage en marche cadencée, la voix extraordinaire de Bruce, ce refrain surpuissant et qui vous rentre dans le crâne ! Et ce break, cette ambiance mystique qui se met en place, cette montée en puissance et la fin en panache. Du grand Art ! Du grand MAIDEN ! Bien que sympathique, « The Prophecy » est sans doute le morceau qui passe le plus inaperçu, il se remarque surtout par sa fin très jolie à la guitare acoustique qui là encore renforce le côté envoûtant de l’album. Autre grand classique introduit par une basse toujours très en verve, « The Clairvoyant » joue sur un contraste entre des couplets joliment arrangés (j’adore les harmonies à la guitare sur ces couplets) et son refrain plus rentre dedans. Enfin, « Only The Good Die Young » ferme l’album (et l’histoire) de manière plutôt classique, avant que le thème narratif du début (toujours par Bruce) ne soit repris, donnant ainsi l’impression que l’album forme un tout et engage même à remettre le couvert tellement cet album … comment dire … c’est la grande classe quoi ! Grande classe et aussi grande claque lorsque Steve Harris et les siens présentent les morceaux sur scène. Redoutables comme à leur habitude, les MAIDEN ne feront encore qu’une bouchée de leur auditoires avec ces nouvelles compos, comme peut en témoigner la superbe VHS Maiden England (sûrement la plus belle vidéo en concert du groupe).

Album indispensable du groupe, Seventh Son Of A Seventh Son est l’album le plus « lisse » (du moins pour les années 80) et certainement le plus ambitieux d’IRON MAIDEN, et il faudra attendre 1995 et X-Factor pour retrouver des compositions aussi travaillées. Car le départ d’Adrian Smith était une des conséquences de la nouvelle politique que le groupe comptait mettre en œuvre par la suite et sur No Prayer For The Dying (l’album suivant) : un retour à une musique plus abrupte et plus directe.

(Chronique publiée sur Metal Nightfall)

L'artwork représente un Eddie futuriste qui continue son voyage dans le temps entamé sur la pochette de "Somewhere In Time" et assiste à la naissance de l'enfant aux pouvoirs magiques. Eddie est coupé en deux, ce qui pourrait représenter la lutte entre le bien et le mal. On remarque la présence d'une pomme dans sa cage thoracique, symbole biblique du péché originel.    

Tracklist:

01-Moonchild
02-Infinite Dreams
03-Can I Play With Madness
04-The Evil That Men Do
05-Seventh Son Of A Seventh Son
06-The Prophecy
07-The Clairvoyant
08-Only The Good Die Young


lundi 26 mai 2014

Faith No More - Angel Dust (1992)


1992. Lassé par des tournées interminables suite au succès de "The Real Thing" et de son single étouffant "Epic", bouffé par des tensions internes, le quintet san franciscain n'a d'autre choix que d'accoucher dans la douleur (énormes prise de bec entre les musiciens) d'un des albums les plus indescriptibles de toute l'histoire du rock. C'est bien simple, se confronte ici, souvent au sein d'une  seule et même chanson absolument tous les styles de musiques recensés et ceci de manière inédite et géniale: du metal, à la pop, en passant par de vieilles rengaines jazzeuses ("RV") sans oublier l'easy-listening, le punk et le funk. Tout l'arsenal sonique y passe. En 1992, personne ne comprend rien à cette poussière d'ange. D'où vient-elle? Quels seront ses effets secondaires?  Les deux premiers singles "Midlife Crisis" et "A Small Victory", malgré leur atmosphère étrange, caressent dans le sens du poil grâce à des mélodies sombres et racées. Il faudra un peu plus de temps pour apprécier à sa juste valeur "Be Aggressive" toumente disco-metal sous carapace d'orgue Hammond, sur laquelle le vocaliste Mike Patton, plutôt habitué aux textes déstructurés, se lance dans un pamphlet dédié aux plaisirs bucco-sexuels. "Malpractice", "Jizzlobber" et "Caffeine" eux, en passant à la moulinette metal apocalyptique, samples à l'allure industrielle, vociférations hallucinées, orgue d'église et chant de criquet (!), ouvrent le champ des possibles en matière d'agressivité. Puis il y a ces titres obsédants ("Smaller And Smaller", "Kindergarten") parce qu'acides et malsains, rongés par les claviers et la voix désormais grave et lugubre de Patton, sacré ici vocaliste le plus versatile et talentueux de sa génération (des précédentes et des suivantes!). Existe t-il ici des mots plus forts que magnifique, exceptionnel? Seuls "Land Of Sunshine", "Crack Hitler" ou "Everything's Ruined" sonnent comme quelques dégénérescences soniques du style Faith No More période "The Real Thing". Reste "Easy"célèbre reprise de Lionel Ritchie. Single orphelin un premier temps, puis ajouté à l'album une fois devenu un gros succès. Alors qu'est-ce que l"Angel Dust"? Un des meilleurs albums rock de tous les temps, une drogue insidieuse et puissante: certains sont accro depuis douze ans déjà. Depuis, qui d'autre est parvenu à marier avec autant de classe et de génie, ambiances glauques et urbaines, cynisme, humour noir esprit bouffon, musique d'ascenseur  et borborygmes death metal? 

Olivier Drago - Velvet Magazine n°02 - Juillet / Août 2004     

Tracklist:

01-Land Of Sunshine
02-Caffeine
03-Midlife Crisis
04-RV
05-Smaller And Smaller
06-Everything's Ruined
07-Malpractice
08-Kindergarten
09-Be Aggressive
10-A Small Victory
11-Crack Hitler
12-Jizzlobber
13-Midnight Cowboy
14-Easy



dimanche 26 janvier 2014

Interpol - Antics (2004)


A la sortie de "Turn On The Bright Light" la plupart des gens réduisait Interpol à un simple clone de Joy Division. Avec leur deuxième album "Antics" publié deux ans plus tard, la musique des Américains se fait beaucoup plus planante et nuancée, notamment grâce à l'apport de l'orgue ("Next Exit", "A Time To Be So Small"). Malgré ce côté plus pop et aéré, certains morceaux sont plus direct et percutant que par le passé ("Slow Hands") ou bien encore très sombre et tendus ("Length Of Love" et son riff dissonnant). Les lignes de voix sont ici bien moins linéaires que sur me précédent opus du groupe ("Take You On A Cruise" ) et les compositions sont superbement ficelées et arrangées. Des sonorités presque électro font aussi leur apparition à plusieurs reprises lors du refrain de "Slow Hands" ou encore de manière plus marqué sur "Not Even Jail",  grâce notamment au traitement du son de la batterie. La production du disque est aussi plus claire et moins étouffante que sur "Turn On..." et convient parfaitement à la musique du quatuor.

Tracklist:

01-Next Exit
02-Evil
03-Narc
04-Take You On A Cruise
05-Slow Hands
06-Not Even Jail
07-Public Pervert
08-C'Mere
09-Length Of Love
10-A Time To Be So Small

DOWNLOAD (pass: DL92)