En 1996, Placebo avait déjà marqué le petit monde du rock avec son premier album éponyme. C'est deux ans plus tard et aidé d'un nouveau batteur en la personne de Steve Hewitt, que le trio enfonce le clou avec un album aux sombres mélodies et aux guitares abrasives. Enregistré aux Real World Studios de Peter Gabriel, "Without You I'm Nothing", creuse le même sillage stylistique que leur premier album mais, tout est ici plus rageur ("Brick Shithouse", "Scared Of Girls", "Every You Every Me") et ou plus sombre que précédemment ("Without You I'm Nothing", "The Crawl", "My Sweet Prince"). On retrouve effectivement encore ici le Placebo des débuts, emplie d'une énergie toute punk ("Allergic", "Brick Shithouse", "Scared Of Girls") combinée à une sensibilité gothique ("Without You I'm Nothing", "My Sweet Prince" ou encore "You Don't Care About Us"). Car c'est bien cet équilibre parfait entre agressivité et mélancolie, porté par la voix unique de Brian Molko, qui trouve, sur ce disque, celle qu'on lui connaît aujourd'hui, qui faisait et fait toujours, mais dans une moindre mesure, l'originalité de Placebo.
Cependant, ce deuxième opus n'est pas uniquement une version plus aboutit de son prédécesseur puisque, tandis que les textes traitaient précédemment de la construction de soi et de la recherche de son identité, ils abordent maintenant notre rapport à autrui à travers l'amour, la haine, l'amitié et la solitude et les sonorités électro qui seront développées sur les albums ultérieurs font déjà leur apparition ("Pure Morning"). Les trois musiciens tentent également des choses plus expérimentales avec le titre "Evil Dildo", morceau caché à la fin de la douzième piste, et construit à partir d'un message laissé par un inconnu sur le répondeur téléphonique du chanteur. Enfin, pour remercier son public français, Placebo publie, quelques temps après la sortie du disque, une version française de "Burger Queen".
Mais ne vous y trompez pas, si au premier abord la musique de Placebo peut sembler n'être qu'un exutoire, elle vous collera également parfaitement au corps les jours de déprime et c'est à mon avis le seul groupe dont la musique et les chansons possèdent cette ambivalence si étrange. Près de quinze ans après sa sortie ce disque au son intemporel, produit par Steve Osborne n'a rien perdu de sa spontanéité et respire toujours l'urgence à plein poumons.
Tracklist:
01-Pure Morning
02-Brick Shithouse
03-You Don't Care About Us
04-Ask For Answers
05-Without You I'm Nothing
06-Allergic (To Thoughts Of Mother Earth)
07-The Crawl
08-Every You Every Me
09-My Sweat Prince
10-Summer's Gone
11-Scared Of Girls
12-Burger Queen